MéDECINS LIBéRAUX : L'ASSURANCE MALADIE ET LES SYNDICATS SE REMETTRONT AUTOUR DE LA TABLE LE 16 MAI

Les médecins libéraux se remettent autour de la table. La Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) a annoncé ce vendredi que les négociations tarifaires avec les syndicats de la profession, suspendues début avril, reprendront le 16 mai.

Le syndicat de médecins spécialistes Avenir Spé-Le Bloc, qui joue un rôle pivot dans la négociation, a confirmé à l'AFP sa présence à ce nouveau tour de table, présenté par l'Assurance maladie comme « une nouvelle et dernière séance ».

« Il y a eu des avancées » dans les discussions informelles avec la direction de l'Assurance maladie et « nous revenons donc à la table des négociations », a indiqué à l'AFP le docteur Patrick Gasser, co-président d'Avenir Spé-Le Bloc.

Revaloriser la rémunération des praticiens

La prochaine séance de négociations « sera ouverte le 16 mai matin aux syndicats désireux d'aboutir et pourra se prolonger jusqu'au lendemain », selon la Caisse nationale d'assurance maladie. « Ces 48 heures devront permettre aux différents syndicats de disposer ainsi le 17 mai au soir d'un texte définitif, qu'ils pourront soumettre à leurs instances internes et à leurs adhérents ».

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Les négociations tarifaires entre médecins libéraux et Assurance maladie doivent permettre de revaloriser la rémunération des praticiens, en échange d'engagements collectifs pour l'accès aux soins. Avenir Spé-Le Bloc joue un rôle clé dans la négociation car il peut signer à lui tout seul au nom des médecins spécialistes. MG France, qui peut signer à lui seul au nom des médecins généralistes, avait déjà annoncé être prêt à reprendre les discussions en avril.

Pour rappel, début avril, alors que les discussions sur les tarifs médicaux pour les cinq prochaines années semblaient dans la dernière ligne droite, elles avaient été suspendues sous l'impulsion des syndicats de médecins spécialistes.

Ils dénonçaient d'une part les propositions tarifaires qui leur étaient faites, et d'autre part les tarifs prévus en 2024 par le gouvernement pour les cliniques privées, dans lesquels bon nombre d'entre eux exercent. Et pour cause, le gouvernement a prévu d'augmenter de seulement 0,3% les tarifs des cliniques privées pour 2024, contre +4,3% pour les hôpitaux publics.

Soutien au mouvement des cliniques privées

Par conséquent, les cliniques privées, soutenues par cinq des six syndicats de médecins libéraux représentatifs, ont décidé de suspendre leurs activités à partir du 3 juin, pour obtenir que le gouvernement revienne sur sa décision. Elles veulent bénéficier de la même hausse de tarifs que les hôpitaux publics, soit une rallonge de 500 millions d'euros de leur enveloppe.

Toutefois, la reprise des négociations avec la Cnam « ne remet pas en cause » le soutien d'Avenir Spé-Le Bloc au mouvement des cliniques privées le 3 juin, qui ont leur propres négociations en cours avec le gouvernement, a indiqué le Dr Gasser.

« Il y a une alliance totale entre médecine libérale et hospitalisation privée », avait assuré fin avril Lamine Gharbi, le président de la Fédération de l'hospitalisation privée, lors d'une conférence de presse avec les syndicats alliés (CSMF, Avenir Spé-Le Bloc, UFML-S, SML, FMF).

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« Si nos établissements nous disent que certaines activités sont déficitaires, qu'on ferme des services, des blocs opératoires, parce que ce n'est plus rentable (...) notre activité sera en grande difficulté », avait expliqué Philippe Cuq, coprésident du syndicat de spécialistes Avenir Spé Le Bloc, alertant sur une situation « jamais connue » auparavant.

Les cliniques privées veulent revaloriser les salaires

Du côté des cliniques privées, la FHP indique avoir besoin de cette hausse de 500 millions d'euros - sur une enveloppe actuelle totale de 18 milliards - pour notamment compenser l'inflation et revaloriser les salaires à la même hauteur que dans le public.

Selon elle, la différence entre les +4,3% d'augmentation accordés au public, et les +0,3% accordés au privé s'explique essentiellement par le financement des mesures de revalorisations salariales (point d'indice de la fonction publique et gardes de nuit et de week-end) accordé au public en 2023.

Les cliniques privées ont « aussi » des soignants de garde, et en l'état actuel « nous n'avons pas les moyens de les revaloriser », a déploré Lamine Gharbi.

Une pétition signée par 25.000 personnes

Pour éviter un creusement du déficit des finances publiques, la rallonge peut être puisée dans des enveloppes déjà prévues par la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2024 et « non fléchées à ce stade », affirme la FHP.

La FHP a commencé à faire circuler parmi ses adhérents, ses soignants et ses patients une pétition qui déplore une « discrimination forte » envers le secteur privé, déjà signée par au moins 25.000 personnes.

Après l'épidémie de Covid, « les hôpitaux publics ne sont pas arrivés à retrouver leur volume d'activité » antérieur, alors que l'hospitalisation privée de son côté a réalisé « 400.000 séjours de plus » en deux ans (2022 et 2023), a encore assuré Lamine Gharbi.  « Au lieu de nous encourager, on nous stigmatise, on nous brime, on nous maltraite. »

(Avec AFP)

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