ATOS : ECONOCOM-LAYANI-BUTLER, KRETINSKY, LAVINE, SCHINDLER... QUI SAUVERA LE GROUPE ?

Jean-Louis Bouchard, directeur général d'Econocom, rejoint les businessmen qui convoitent notre ex-fleuron moribond du numérique. Découvrez les points forts et les points faibles de chaque option.

Nouvelle manifestation d'intérêt pour Atos. Dans un communiqué publié ce mercredi 15 mai, le groupe Econocom, spécialisé dans la transformation digitale des entreprises, annonce avoir rejoint le consortium formé par Onepoint, la société dirigée par David Layani, et la société d'investissement Butler Industries pour sauver le groupe d’informatique français en difficulté. «Je suis ravi de rejoindre le consortium formé par Onepoint et Butler Industries pour soutenir le sauvetage de ce fleuron technologique français qu’est Atos. Econocom a un partenariat historique avec Atos, qui n’a cessé de se renforcer à travers les années. Il est de notre devoir de protéger et de reconduire ce partenariat en soutenant le seul projet industriel crédible qui garantisse l’intégrité et la pérennité du groupe, celui emmené par Onepoint, avec qui nous partageons la même audace et les mêmes valeurs entrepreneuriales», explique dans le communiqué Jean-Louis Bouchard, directeur général d’Econocom.

C’est bien la survie de l’ex-fleuron du numérique qui est en jeu. L’entreprise a besoin de 1,7 milliard d’euros d’argent frais pour tenir le coup jusqu’à fin de l’année prochaine, sans compter qu’elle réclame en plus à ses créanciers d’effacer 3,2 milliards d’euros de sa dette, sur un total de 4,9 milliards. Autant dire que l’offre de Bercy formulée il y a une dizaine de jours pour récupérer ses activités sensibles, pour un montant compris entre 700 millions et 1 milliard d’euros, ne suffira pas à la relancer. Qui pourra la sauver ?

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Daniel Kretinsky, le favori

L’homme d’affaires tchèque s’est déjà fait connaître en France en rachetant le groupe d’éditions Editis, ex-filiale de Vivendi (propriétaire du magazine Capital) puis les hypermarchés Casino. L’an dernier, il avait présenté une première offre de rachat pour Tech Foundations, l’activité d’infogérance d’Atos et était même entré en négociations exclusives. Mais l’opération contestée par des actionnaires et des politiques avait fini par capoter en février, après de longues négociations. La déconfiture d’Atos fait aujourd’hui revenir le magnat en position de force. Kretinsky a les moyens d’injecter les liquidités de 1,1 milliard d’euros exigées par Atos et il dispose désormais des faveurs de Bercy comme des créanciers d’Atos, même si son projet paraît encore flou. Beaucoup lui prêtent toujours l’intention de mettre la main sur l’intégralité du groupe pour n’en conserver au final que les activités d’infogérance. La démantèlement qui s’ensuivrait permettrait certes à Kretinsky de financer la restructuration de Tech Foundations, mais ferait fi des synergies. « Aujourd’hui encore, une bonne partie des applications ou des solutions développées au sein de l’autre branche Eviden par exemple, sont commercialisées auprès des clients de Tech Foundations », explique un proche du dossier. Cette stratégie pourrait donc entraîner une nouvelle destruction de valeur.

David Layani, l’outsider

Très en vue ces derniers mois, le patron de Onepoint a vu ses plans chamboulés par l’intervention récente de Bruno Le Maire. Il y a dix jours, Bercy a décidé de reprendre la main sur les activités sensibles et souveraines d’Atos, comme les communications militaires ultra-sécurisées, les systèmes de supervision des centrales nucléaires ou les supercalculateurs qui servent à simuler les essais de bombe atomique. Coup dur pour Layani, qui se présentait lui-même jusque-là en garant de cette souveraineté française – garantie discutable, ayant lui-même levé 500 millions d’euros auprès du fonds américain Carlyle l’an dernier.

Le businessman plaidait par ailleurs pour le maintien du périmètre actuel d’Atos. Comme d’autres, il jugeait qu’un plan de démantèlement serait contraire aux intérêts du groupe. C’est donc raté pour les activités sensibles, en passe de tomber dans le giron de l’Etat via des participations probables de ses fleurons de la défense, Thales, Dassault ou la startup Chapsvision, spécialiste du traitement de données pour nos services de renseignement. Pour autant, ces métiers ne pesant pas lourd (moins de 10% des revenus d’Atos), le président de Onepoint serait toujours déterminé à jouer sa carte sur le reste d’Atos. S’il n’a pas la puissance de feu de Daniel Kretinsky, David Layani reste toutefois le premier actionnaire de l’ex-fleuron français du numérique dont il détient un peu plus de 11% via son entreprise Onepoint. L’homme d’affaires bénéficie par ailleurs du soutien du financier Walter Butler, et désormais d'Econocom, et a pour l’instant les faveurs des petits actionnaires et des syndicats. Mais pas forcément celle de Jean-Pierre Mustier, l’actuel président d’Atos.

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Jonathan Lavine et Georges Schindler, les trublions

Déjà cité par plusieurs acteurs du dossier depuis quelques mois, le nom du fonds d’investissement américain Bain Capital, présidé à Boston par Jonathan Lavine, revient avec insistance ces derniers jours. Présent en France à travers la société de services numériques Inetum, l'ex-GFI Informatique et numéro 4 dans l’Hexagone (2,5 milliards de chiffre d’affaires, 28 000 consultants), dont il détient 99%, le groupe américain lorgnerait notamment sur Syntel, la filiale américaine d’Atos en perte de vitesse. La cession des activités américaines d’Atos avait été appelée de ses vœux dans nos colonnes par l’Union des actionnaires d’Atos constructifs (Udaac). Son président Hervé Lecesne évoquait alors déjà un possible intérêt de Bain Capital dans cette opération. Le fonds de Boston convoiterait toutefois un peu plus que la seule filiale américaine d’Atos. Il envisagerait de mettre la main sur une partie du capital du groupe français, mais serait en quête d’un allié pour partager les risques. Selon diverses sources, le fonds d’investissement aurait tâté le terrain avec Daniel Kretinsky.

Décidément très courtisé, le nouveau propriétaire de Casino aurait aussi été approché par Georges Schindler, le big boss du groupe de services numériques canadien CGI (près de 9 milliards d’euros de chiffre d’affaires), basée au Québec. Mais depuis, les mauvaises affaires d'Atos auraient incité le patron canadien à prendre le dossier avec des pincettes.

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