À rebours de la ligne politique défendue par Donald Trump, New York a choisi, mardi soir, un maire ouvertement socialiste. Zohran Mamdani, 34 ans, a remporté l'élection municipale en devançant l'ancien gouverneur centriste Andrew Cuomo ainsi que le républicain Curtis Sliwa, selon les premières projections des médias américains. Il deviendra, le 1er janvier, le maire le plus jeune de la plus grande ville des États-Unis.
Arrivée à New York à sept ans, ce musulman âgé d'une trentaine d'années est né en Ouganda, dans une famille d'origine indienne. Il a été naturalisé Américain en 2018. Il est membre du parti socialiste américain (DSA), un parti plus à gauche que le parti démocrate.
Lire aussiHausse de la Bourse, dollar faible : en un an, Trump a secoué les marchésLoyers, crèches, transports... Zohran Mamdani a placé au cœur de sa campagne la lutte contre le coût de la vie à New York, la ville étant l'une des plus cher du monde. Parmi ses mesures phares, le jeune politicien souhaite s'en prendre notamment à la crise du logement en gelant les loyers d'environ deux millions de locataires. « Zohran [...] utilisera toutes les ressources disponibles pour construire le logement dont les New-Yorkais ont besoin et réduire le loyer », affirme son programme.
Le candidat a aussi fait parler de lui avec sa volonté de rendre la garde d'enfants gratuite pour les New-Yorkais de six semaines à cinq ans. La crèche représente un poste de coût très élevé, notamment dans la plus grande ville du pays, obligeant les habitants à déménager ou pour un des deux parents (souvent la mère) à renoncer à son emploi pour garder les enfants. D'après le bureau du contrôleur de la ville de New York, le coût moyen de la garde d'enfant dans des centres serait de 26 000 dollars l'année, en augmentation de 43 % depuis 2019.
Autre mesure importante, le socialiste souhaite rendre les bus gratuits et plus rapides, pour créer « le service de classe mondiale que les New-Yorkais méritent ». Enfin, pour lutter contre la hausse du coût des aliments, Zohran Mamdani promet de créer un réseau d'épiceries municipales qui n'auront pas de loyers ou de taxes foncières à payer et qui pourront ainsi proposer des prix bas.
Lire aussiÉtats-Unis : en plein shutdown, la bataille autour de l'assurance santé et de ses prix exorbitants continueUn programme qui a néanmoins un coût élevé, rapporte le New York Times. Selon les calculs du quotidien américain, la mesure la plus chère serait celle sur la garde d'enfants, qui coûterait à la ville 6 milliards de dollars. Viennent ensuite la gratuité des bus à 800 millions de dollars et les épiceries municipales qui reviendraient à 60 millions de dollars. Ce qui fait un total de 7 milliards de dollars de dépenses supplémentaires. Le gel des loyers n'aurait cependant aucun coût direct sur le budget de la ville, note le quotidien.
L'équation économique risque aussi de se compliquer car Donald Trump a menacé de couper les fonds à la ville si le jeune politique était élu. « Il me sera difficile, en tant que président, de donner beaucoup d'argent à New York, car si un communiste dirige New York, vous ne faites que gaspiller l'argent que vous y envoyez », a-t-il déclaré lundi. Certaines grandes figures politiques des démocrates n'ont également pas apporté leur soutien au candidat socialiste, à l'image du new-yorkais Chuck Schumer, chef des sénateurs.
Pour financer son projet, le démocrate compte augmenter les impôts. Selon lui, une hausse du taux d'imposition des entreprises à 11,5 %, le même taux pratiqué au New Jersey, permettrait de récolter 5 milliards de dollars. Il souhaite également viser les 1 % de New-Yorkais les plus riches avec un impôt de 2 %. Ces mesures devront néanmoins ensuite être validées par le gouvernement et les législateurs de l'État. Et d'après le New York Times, ces impôts ne permettraient pas de couvrir entièrement les coûts de son programme. Le budget total de la ville s'élève à plus de 115 milliards de dollars.
Un projet qui a de quoi effrayer les milieux d'affaires. De nombreux milliardaires comme Michael Bloomberg, ancien maire de New York, ou encore l'investisseur Bill Ackman ont préféré soutenir financièrement son adversaire Andrew Cuomo. « Je ne pense pas que nous devrions avoir des milliardaires, car franchement, c'est beaucoup trop d'argent dans un contexte d'inégalités aussi importantes », a lancé quelques mois plus tôt le candidat. Zohran Mamdani a réussi néanmoins à rencontrer plusieurs dirigeants. Le politicien, devenu élu dans le Queens en 2020, a ainsi fait la connaissance de Jamie Dimon. Le patron de JPMorgan a déclaré qu'il « lui offrirait son aide » en cas de victoire.
2025-11-04T14:45:46Z