UN AN APRèS SON LANCEMENT, UN SUCCèS MITIGé POUR LE PASS RAIL ALLEMAND

Une bonne idée sur le papier ne se transforme pas toujours en succès. Salué par les défenseurs de l'environnement et par les partisans du train, le "Deutschlandticket" n'a pas (encore) rempli les objectifs escomptés.

Lancé il y a tout juste un an en Allemagne, ce forfait à 49 euros par mois permet à tous d'emprunter de manière illimitée les trains locaux et régionaux mais aussi les bus, les métros et les tramways. Avec un objectif clair: inciter la population à abandonner leur voiture pour les trajets du quotidien.

Un an après donc, le bilan est mitigé. La principale déception concerne le nombre de titulaires: 11,2 millions alors que le gouvernement tablait sur 16 pour atteindre l'équilibre financier.

Cette différence n'est pas anodine compte tenu du coût de ce forfait: pour compenser les pertes des différents opérateurs, l'Etat et les landers (régions) leur ont versé pas moins de 3 milliards d'euros (pour la première année).

Des trains plus remplis mais peu de report modal

Mais il apparaît que cette somme risque d'être à court terme insuffisante. A cause d'un nombre d'abonnés insuffisant mais aussi parce que les coûts des régies de transports ont augmenté en parallèle: électricité, diesel, salaires... Ces entreprises voient donc leurs finances se dégrader rapidement et tirent le signal d'alarme.

Conséquence assez mécanique: les autorités envisagent déjà une augmentation du forfait: 59 voire 69 euros par mois même si rien n'est encore décidé.

Sur ces 11 millions de titulaires, seulement 8% n’utilisaient auparavant jamais les transports publics. Le report modal n'est donc pas vraiment au rendez-vous et n'a donc pas d'impact significatif sur les émissions de CO2 dans le secteur du transport, premier émetteur de gaz à effets de serre.

"Ce qu'il n'a pas encore réussi à réaliser, c'est de contribuer réellement à ce que davantage de personnes abandonnent la voiture et utilisent les transports publics", confirme le président de l'Association des entreprises de transport allemandes (VDV), Ingo Wortmann.

Rappelons qu'initialement, l'objectif du gouvernement fédéral est de doubler le nombre de passagers des transports publics d'ici 2030.

Pour autant, et c'est une bonne nouvelle, au global, les trains régionaux de la Deutsche Bahn ont enregistré une hausse de la fréquentation de 28%, deux-tiers des passagers sont titulaires du sésame.

Un réseau qui ne suit pas

Par ailleurs, quatre billets sur cinq sont vendus dans les zones métropolitaines. La demande est faible dans les zones rurales, notamment à cause d'un réseau ferroviaire en mauvais état.

La question de la qualité de service en générale de l'offre allemande de trains serait d'ailleurs un des freins à l'adoption du Deutschlandticket.

"Quiconque s'énerve inutilement se détournera des bus et des trains", commente ainsi au quotidien Zeit, Ramona Pop de l'Association fédérale des organisations de consommateurs.

Enfin, de nombreux utilisateurs se sont plaint de certains couacs ou limitations techniques. 1.800 plaintes ont été reçues, elles concernent le manque de disponibilité du service client, les difficultés techniques ou encore le manque de protection des données. Le fait que certains fournisseurs ne proposent le billet que sous forme d'application a également été critiqué tout comme l'impossibilité de s'abonner pour un mois ou un trimestre.

Comparaison n'est pas raison mais ce bilan mitigé n'est pas forcément une bonne nouvelle pour les partisans d'un pass rail à la française. Rappelons qu'après bien des tergiversations, un forfait similaire mais limité aux jeunes de moins de 27 ans va être proposé cet été en France pour 49 euros. Reste à savoir s'il sera généralisé et étendu.

2024-05-04T07:48:09Z dg43tfdfdgfd