INVESTIR DANS LA DéMOCRATIE ET RéDUIRE LE RISQUE « TYRANNIQUE » DES ACTIONS

TOBAM est né d’un constat simple, à savoir qu’il n’existait pas de mesure de la diversification. Mathématicien de formation, j’en ai découvert la formule, désormais brevetée et utilisée également en biologie et en botanique. C’est un véritable antidote à la spéculation. Quelques années plus tard, l’équipe de mathématiciens que nous sommes s’est naturellement intéressée au bitcoin. En 2017, avec l’accord de l’AMF, nous avons lancé le premier fonds ouvert investi en bitcoins au monde. Nous avons ensuite élargi notre domaine d’expertise en incluant une nouvelle stratégie appelée LBRTY®, qui vise à réduire considérablement l’exposition aux régimes autocratiques et les risques qui en découlent pour les investisseurs.

Comment est né LBRTY, votre stratégie d’investissement dans la démocratie ?

En 2009, nous étions en réunion avec mes collaborateurs et je les ai invités à choisir chacun une cause de philanthropie. Deux semaines plus tard, chacun me présentait son projet, dont un qui expliquait que le pays le plus éduqué d’Europe en 1930, c’était l’Allemagne. Pour autant, cela n’a pas empêché le pays de produire une des pires ignominies de l’Histoire. L’éducation ne suffit pas. Qu’est ce qui permettrait d’éradiquer les dictateurs et les régimes autoritaires ? C’est la démocratie et les droits de l’homme. De plus, c’est une cause orpheline. C’est ainsi que nous avons décidé d’en faire notre cause philanthropique. Nous procédons par appels d’offre et nous redistribuons jusqu’à 10% de nos profits à des organisations de défense des droits de l’homme. Par exemple nous avons financé l’ouverture du bureau Human Rights Watch en Ukraine. L’idée est aussi inspirée de mon expérience personnelle. J’ai vécu au Liban jusqu’à l’âge de 18 ans. Les crises successives que traversent ce pays doivent beaucoup aux autocraties… d’abord le pacte de Varsovie, puis le régime syrien et maintenant le régime iranien. Le coût de l’autocratie est colossal. Au XXème siècle, il y eu 180 guerres, parmi lesquelles une seule a opposé deux pays indépendants et démocratiques, le Honduras et le Salvador. Choisir la démocratie ce n’est pas seulement choisir le bien contre le mal, mais choisir ce qui fonctionne contre ce qui dysfonctionne.

Comment procédez-vous et comment cela se traduit en matière de rendement ?

L’histoire a montré qu’à long terme, les investisseurs dans des entreprises exposées à des régimes autoritaires prennent un risque rémunéré négativement : ils sont exposés aux conséquences des guerres, à l’absence d’état de droit, aux expropriations provoquées par l’État, à des troubles sociaux, au gaspillage et à la corruption. À long terme, ils sous-performent.

Nous procédons en deux étapes : d’abord on identifie le facteur de risque autocratie, puis on fabrique un portefeuille qui minimise l’exposition indirecte à l’autocratie. La majeure partie de l’exposition à ce risque est indirecte : il n’est pas nécessaire d’avoir des actions russes pour être exposé à la Russie. Si vous avez de la Société Générale, vous avez perdu 4 milliards l’an dernier, du fait de votre exposition à la Russie. L’Université de Yale a démontré que plus de 1000 entreprises cotées en dehors de la Russie ont dû fermer leur business en Russie, pour un coût total de 240 milliards de dollars !

Le seul moyen de calculer proprement l’exposition est d’évaluer le Beta. Il est impossible de lire dans le bilan d’une banque par exemple son exposition au pétrole. En revanche, il est faisable de calculer son Beta, cet indicateur est vraiment effectif. En France, nous constatons que Société Générale (0.1) est plus exposée au risque « autocratie» que BNP Paribas (0.06).

La stratégie de TOBAM vise donc à minimiser l’exposition à l’autocratie dans un rapport de 7 à 1, par rapport à une réduction de 7 à 5 lorsque l’on exclut uniquement les investissements directs dans les pays non démocratiques.

Qu'en pensent vos clients ?

65% des clients de TOBAM proviennent d’Amérique du nord. Depuis 6 ans, j’observais que leur attitude était en train de changer à l’égard du régime chinois. En fait, ce sont moins les Américains que le régime chinois qui change. Cette transformation sera sanctionnée par les marchés. Plus les investisseurs se méfieront de Pékin et plus les cours des entreprises exposées aux pays totalitaires vont baisser. Un des problèmes des régimes autocratiques c’est qu’ils ne savent pas gérer les crises économiques.

Quelles sont vos sources de données ?

Les données existent en abondance. L’institut V-Dem par exemple a commencé à publier en 1789 ! Il est aujourd’hui hébergé par l’université de Gothenburg, en Suède. Plus de 3700 chercheurs affiliés alimentent ses données sur les « piliers de la démocratie » que sont le pluralisme, le fonctionnement du gouvernement, les libertés civiles, la participation politique… Nous traitons ces énormes quantités d’informations et construisons un rating pour chaque pays allant de 0 (Corée du Nord) à 10.

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