GRèVE DES CONTRôLEURS AéRIENS JEUDI: LES COMPAGNIES S'ATTENDENT à DES ANNULATIONS DE VOLS "CONSIDéRABLES"

La grève des contrôleurs aériens jeudi sera "un mouvement très fortement suivi", a prévenu le président de la principale organisation regroupant les entreprises du secteur aérien, Pascal de Izaguirre, mardi 23 avril lors d'une conférence de presse.

"On nous a parlé de 75% (de vols supprimés) à Orly et de 65% à Roissy-Charles de Gaulle. Ça aura un impact énorme", a annoncé le président de la Fédération nationale de l'aviation et de ses métiers (Fnam).

À Nice, 60% des vols devraient être perturbés, confirme l'aéroport Nice Côte d'Azur. À Marseille se seront 50% des vols prévus jeudi qui seront annulés ou reportés, selon l'Aéroport Marseille Provence.

L'ensemble des syndicats appellent à une grève des aiguilleurs du ciel, après l'échec de négociations sur les mesures d'accompagnement d'une refonte du contrôle aérien.

"Dégradation de notre compétitivité"

Pascal de Izaguirre a dénoncé l'argumentaire du premier syndicat des aiguilleurs du ciel, le SNCTA, qui réclame des hausses de salaires qu'il estime sans impact pour le contribuable français puisque le budget de la Direction générale de l'aviation civile (DGAC) est abondé par les redevances acquittées par les compagnies aériennes.

Ce coût supplémentaire "serait répercuté in fine sur le passager", a expliqué Pascal de Izaguirre, qui est également PDG de Corsair.

Sans compter que cela constituerait "un élément supplémentaire de dégradation de notre compétitivité" car ce coût est "supporté majoritairement par les compagnies françaises", a souligné le dirigeant. La Fnam s'inquiète en effet de la dégradation de la compétitivité française, dont les compagnies perdent des parts de marché chaque année au profit des compagnies turques ou du golfe.

Réorganiser le contrôle aérien

La négociation, entamée il y a 15 mois, prévoit de revoir complètement l'organisation du contrôle aérien en France, notamment le maillage territorial des services de navigation aérienne, de réorganiser le travail des contrôleurs pour faire face à l'augmentation annoncée du trafic aérien en contrepartie de hausses de rémunérations et d'embauches.

"La version publiée (par la Direction générale de l'aviation civile, DGAC) n'est aucunement signable pour le SNCTA qui la considère comme une provocation si ce n'est une insulte", déclare le syndicat majoritaire SNCTA sur son site internet.

Les contrôleurs, par la voix du syndicat, estiment que les mesures sociales accompagnant ces modifications ne sont pas suffisantes. Une augmentation annuelle de 5,04% jusqu'en 2027 est notamment revendiquée.

Pas d'inquiétude pour les JO

D'après Pascal de Izaguirre, la France est championne d'Europe des grèves du contrôle aérien avec un impact sur les finances du secteur aérien européen de 800 millions d'euros pour la période 2018-2022, dont 624 millions pour la France seulement.

À titre de comparaison, à la deuxième place de ce classement on retrouve l'Italie où les grèves ont représenté un manque à gagner de 147 millions d'euros sur la même période, puis la Grèce, avec 22 millions d'euros, toujours selon les chiffres avancés par la Fnam.

En septembre 2023, le SNCTA et l'Unsa ICNA, deuxième syndicat chez les aiguilleurs du ciel, avaient décrété une trêve olympique, promettant de ne pas faire grève pour des raisons salariales d'ici à la fin des Jeux olympiques (26 juillet au 11 août) et paralympiques (28 août au 8 septembre).

"On découvre qu'elle n'était que partielle", a ironisé Pascal de Izaguirre, confiant tout même ne pas être inquiet pour la période de compétition elle-même.

Le secteur s'attend d'ailleurs à un été "dynamique". Sur les trois premiers mois de l'année, le trafic aérien de, vers et en France a atteint 96% de celui de 2019 à la même période.

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