C'est l'épreuve du feu pour la nouvelle ministre des Armées. A peine nommée au mois de septembre, Catherine Vautrin s'est mise à plancher sur le projet de loi de finances pour l'année 2026, troisième année de mise en œuvre de la Loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030. Le budget de 57,1 milliards d'euros pour l'année à venir, grâce à la "marche" (+3,2 milliards par rapport à 2025) et à la "surmarche" annoncées en juillet dernier par Emmanuel Macron (+3,5 milliards), doit permettre aux armées de rester dans la course, dans un contexte géopolitique plus que tendu.
Au même moment, du côté de l'Assemblée nationale, le chef d'état-major des armées, le général Fabien Mandon, alertait sur le risque que représente la Russie pour l'Europe en général et la France plus particulièrement. Pour sa première prise de parole publique, le CEMA a affiché ses priorités:
"Le premier objectif que j'ai donné aux armées, c'est de se tenir prêtes à un choc dans trois, quatre ans qui serait une forme de test - peut-être le test existe déjà sous des formes hybrides - mais peut-être (quelque chose de) plus violent".Catherine Vautrin liste huit domaines prioritaires pour l'année 2026, des drones à la guerre électromagnétique, en passant par l'espace, le renseignement ou encore la défense sol-air. L'objectif est "d'accélérer les capacités les plus critiques pour faire face à un engagement majeur", indique la ministre des Armées. Parmi les domaines les plus critiques, les munitions: "l'effort sur les munitions est important: 7,3 milliards d'euros", déclare Catherine Vautrin.
"En effet, le niveau des stocks est trop faible. Au-delà de l'enjeu financier, la question des capacités de production de nos entreprises de défense se pose".Il s'agira de re-compléter les stocks, en particulier les munitions téléopérées (MTO ou "drones kamikazes"), dont l'usage a explosé en Ukraine. Les commandes 2026 portent sur les missiles moyenne portée et sur le missile air-air de longue portée Meteor. Quant aux livraisons, elles concerneront les MTO, des missiles antiaériens Aster, air-air MICA rénovés et très courte portée Mistral 3.
Les efforts dans le domaine de l'intelligence artificielle, qui irrigue toutes les composantes, seront portés à plus de 400 millions d'euros en 2026 pour assurer la montée en puissance de l'agence ministérielle pour l'IA de défense et du supercalculateur ASGARD, mais aussi le développement d'une unité robotisée dans l'armée de Terre (projet Pendragon). Quant à l'innovation, qui concerne également tous les services et tous les composants, elle sera dotée d'une enveloppe de plus de 1,3 milliard d'euros, qui seront répartis entre les études de développement ou encore le soutien aux entreprises (PME-PMI).
Sujet brûlant, notamment en raison des récentes incursions de drones en Europe, la défense sol-air (DSA) bénéficiera d'un budget de "plus de 900 millions d'euros". Alice Rufo, ministre déléguée, confirme l'importance de cette capacité:
"Objectivement, nous avons besoin de faire plus dans la défense aérienne et antimissile, les frappes dans la profondeur."L'un des enjeux sera de moderniser la DSA, avec la livraison prévue de 9 systèmes de lutte anti-drones PARADE (utilisés lors des Jeux olympiques de Paris en 2024), ainsi que deux systèmes laser anti-drones HELMA-P.
Une enveloppe de 600 millions d'euros sera allouée aux drones et aux robots en 2026, l'effort portera en particulier sur les drones sous-marins et de surface pour les commandes, et des drones de lutte contre les mines (sous-marines) en termes de livraisons. Le renseignement bénéficiera également d'une hausse des budgets, +15% pour la DGSE, +11% pour la Direction du renseignement militaire et +5% pour la Direction du renseignement et de la sécurité de la défense.
2025-11-04T16:06:13Z