Un précédent travail où vous n’avez pourtant jamais mis les pieds, un diplôme qui n’est pas tout à fait celui obtenu… «Rien de bien méchant à enjoliver son CV», pensez-vous. D’autant plus que votre patron ne s’en est même pas aperçu ! Jusqu’au jour où il décide de vérifier par hasard votre parcours et s’aperçoit de la supercherie. Devez-alors craindre d’être mis à la porte pour lui avoir délibérément embelli la vérité voire menti lors de votre entretien d’embauche ? Précisons d’emblée que le Code du travail ne donne aucune indication sur le contenu d’un CV.
Pour obtenir votre réponse, il faut plutôt se pencher sur le Code civil. Car le contrat de travail est un contrat comme un autre : «Pour être valable, il faut que les deux parties – salarié et employeur – soient pleinement informées et d’accord sur les éléments de base», rappelle Anne Leleu-Eté, avocate spécialiste en droit du travail. Et si vous l’avez sciemment induit en erreur – en mentant sur votre profil, on parle alors de «dol», de tromperie volontaire. Mais attention, le dol n’est pas reconnu automatiquement. Comme l’explique Elodie Cohen-Morvan, elle aussi avocate en droit du travail, «l’employeur ne peut vous licencier que si, et uniquement si, votre mensonge remplit deux conditions».
Tout d’abord, votre employeur doit prouver que vous avez volontairement triché pour obtenir le poste. Exemple typique : vous affirmez avoir un diplôme que vous n’avez pas, ou vous gonflez délibérément votre expérience. «On a déjà vu un salarié prétendre avoir travaillé quatre ans dans une entreprise, alors qu’il n’y avait fait qu’un stage de cinq mois», illustre l’avocate. Une «manœuvre frauduleuse avérée» qui ne suffit pourtant pas à vous licencier.
Car même si vous avez volontairement menti, cela ne suffira à justifier une sanction que si l’élément en question était une condition essentielle de votre recrutement. Prenons un exemple : l’entreprise exige un diplôme d’ingénieur, que vous n’avez pas mais que vous mentionnez quand même dans votre résumé. Dans ce cas, l’exigence de compétences est claire, et votre mensonge est clairement un motif de rupture du contrat. Encore faut-il que l’entreprise ait elle-même fait preuve de sérieux au moment de l’embauche. Car «si l’employeur exige un diplôme mais ne vous demande jamais de le produire, ni même ne le vérifie, il lui sera plus difficile de se plaindre ensuite d’un mensonge», et donc de vous licencier, conclut l’avocate.
2025-05-09T10:10:03Z