SURCHAUFFE à WALL STREET : MORGAN STANLEY ET GOLDMAN SACHS REDOUTENT UNE CORRECTION

Les dirigeants de grandes banques américaines tirent la sonnette d'alarme. Mardi, lors du Global Financial Leaders' Investment Summit de Hong Kong, les patrons de Morgan Stanley et de Goldman Sachs ont averti que les marchés d'actions pourraient bientôt connaître un net repli, sur fond de valorisations jugées excessives dans le secteur technologique.

« Nous devrions nous réjouir de la possibilité qu'il y ait des baisses de 10 % à 15 % qui ne seront pas dues à un effet macroéconomique catastrophique », a ainsi déclaré Ted Pick, directeur général de Morgan Stanley. Pour lui, une correction modérée serait même salutaire, signe d'un retour à des niveaux de prix plus soutenables après une envolée des indices américains.

Des valorisations sous tension

Après plusieurs records successifs du S&P 500, les comparaisons avec la bulle des dot-com des années 2000 se multiplient. « Ces cycles peuvent durer un certain temps. Mais il y a des choses qui vont changer le sentiment et créer des baisses, ou changer la perspective de la trajectoire de croissance, et aucun d'entre nous n'est assez intelligent pour les voir jusqu'à ce qu'elles se produisent », a estimé pour sa part David Solomon, directeur général de Goldman Sachs.

Signe de cette nervosité, l'indice VIX, souvent considéré comme la « jauge de la peur » de Wall Street, est remonté vers ses plus hauts, tandis que les principaux indices new-yorkais reculaient mardi. « Les multiples [de valorisation] de la technologie sont tendus », a reconnu David Solomon, précisant toutefois que cette surchauffe ne concernait pas l'ensemble du marché.

Ces propos traduisent l'inquiétude grandissante des cadres dirigeants de la finance américaine, confrontés à une hausse rapide des cours alimentée par l'engouement pour l'intelligence artificielle et les technologies de rupture.

Le spectre d'une bulle

Le patron de J.P. Morgan, Jamie Dimon, avait déjà mis en garde en octobre contre le risque d'une « correction significative » de la Bourse de New York d'ici deux ans. « Je suis bien plus inquiet que d'autres à ce sujet », avait-il confié, évoquant « beaucoup de choses » susceptibles d'alimenter l'incertitude : tensions géopolitiques, dépenses publiques et remilitarisation mondiale.

Même prudence du côté du fonds spéculatif Bridgewater Associates, dont les codirecteurs des investissements estiment que les investisseurs « négligent les risques croissants ».

Dans un message publié sur X, Michael Burry, célèbre pour avoir anticipé la crise immobilière de 2008, a rappelé : « Parfois, nous voyons des bulles ».

Boom ou bulle de l'IA ?

L'enthousiasme pour l'IA générative, à l'origine de la flambée des capitalisations boursières de sociétés comme Nvidia ou Microsoft, nourrit le débat. Citigroup prévoit désormais que les dépenses d'infrastructure liées à l'IA atteindront 2 800 milliards de dollars d'ici 2029, un montant revu à la hausse par rapport à ses précédentes estimations.

Cette frénésie d'investissements est illustrée par le récent accord d'OpenAI avec Amazon : 38 milliards de dollars sur sept ans pour des services de cloud. Un chiffre qui témoigne de la vitesse à laquelle les géants technologiques déploient leurs moyens pour dominer cette nouvelle ère numérique.

Reste que certains analystes appellent à la nuance : contrairement à la bulle Internet des années 1990, les leaders actuels de l'IA reposent sur des bénéfices solides et des activités rentables. En septembre, Nvidia est ainsi devenue la première entreprise au monde à franchir le cap des 5 000 milliards de dollars de capitalisation boursière.

2025-11-04T16:24:06Z