Le PER, un outil de défiscalisation massive… à condition d’avoir les moyens d’effectuer des versements sur son plan épargne retraite. Ce qui n’est pas forcément le cas pour les jeunes actifs. Ainsi, comme le précisent deux amendements au projet de loi de finances (PLF) pour 2026 adoptés en séance à l’Assemblée nationale lundi 3 novembre, «le pic de souscription des PER intervient entre 50 et 59 ans, cette classe d’âge représentant 29% des nouveaux adhérents en 2022». Les Français s’y prennent donc tard pour ouvrir leur PER, un produit tunnel qui offre une déduction fiscale sur les versements allant jusqu’à 10% de ses revenus imposables, en contrepartie d’une imposition à la sortie. Raison pour laquelle les deux amendements au budget 2026, déposées par la députée du Nord Félicie Gérard (Horizons & Indépendants) et l’élu de la Marne Charles de Courson (Groupe Libertés, indépendants, outre-mer et territoires, Liot), demandaient davantage de souplesse pour les souscripteurs d’un plan épargne retraite.
Plus précisément, les deux mesures votées étendent «de trois à cinq ans la période de référence permettant à un contribuable de recourir à la fraction non utilisée du plafond de déduction des versements volontaires réalisés sur un plan d’épargne retraite». Car pour rappel, si le souscripteur peut «défiscaliser» jusqu’à 10% de ses revenus professionnels de l'année en cours au travers de versements sur son PER, il le peut également sur les trois dernières années et utiliser les plafonds de déduction non utilisés.
Par exemple, avec un revenu annuel de 40 000 euros depuis 2022, s’il a déjà souscrit un PER cette année-là, le titulaire pouvait prétendre à 4 000 euros de déduction fiscale au titre de 2022, de 2023 et de 2024. S’il effectue 15 000 euros de versements pour la première fois en 2025, il peut ainsi consommer 4 000 euros au titre de l’exercice en cours, mais aussi pour 2024, 2023 et 2022, pour un total de 16 000 euros. Résultat : l’intégralité de son versement sera déductible de ses revenus 2025 déclarés en 2026. Avec l’adoption des amendements de Félicie Gérard et Charles de Courson, co-auteurs d’un rapport parlementaire sur le plan épargne retraite présenté à l’automne 2024, le délai pour recourir aux plafonds de déduction passera à cinq ans. Ce qui permettrait, pour des versements opérés en 2026, de remonter jusqu’au plafond de l’année 2021.
Cette proposition a reçu le soutien du rapporteur général du budget, Philippe Juvin (Hauts-de-Seine, Droite républicaine), qui a estimé que «cet amendement prend acte que l’âge d’ouverture d’un PER devient de plus en plus tardif» et évoqué une mesure de «bon sens». Au contraire de la ministre des Comptes publics, qui s’en est étonnée : «On peut déjà cumuler (les déductions, NDLR) sur quatre ans, la première année puis les trois ans avant. Il nous semblerait excessif d’augmenter les plafonds.» Une posture d’équilibre sur laquelle Amélie de Montchalin n’a pas été suivie, les deux amendements ayant été largement adoptés (à 104 voix contre 62) dans l’Hémicycle.
2025-11-04T17:20:10Z