AVIONS, PARAPLUIES, CHEVEUX : 95 MILLIARDS D'EUROS DE PRODUITS AMéRICAINS DANS LE VISEUR DE BRUXELLES

Bruxelles arrête de faire le dos rond et brandit la menace : 95 milliards d’euros de produits américains dans le viseur. Des avions aux brosses à dents, l'Union européenne prépare la riposte. Reste à savoir si ce coup de pression fera vaciller l’Amérique… ou sourire Trump.

Fini les courbettes diplomatiques. Face à Washington, l’Europe passe en mode intimidation. Alors que les négociations commerciales sur les tarifs douaniers sont en stand-by avec les États-Unis, Bruxelles dégaine une nouvelle arme : une liste longue comme le bras de produits américains susceptibles d’être surtaxés, pour un total de 95 milliards d’euros. «La Commission européenne a lancé une consultation publique (jusqu’au 10 juin, ndlr) sur une liste d'importations américaines qui pourraient faire l'objet de contre-mesures de l'UE, si les négociations en cours entre l'UE et les États-Unis n'aboutissent pas à un résultat mutuellement bénéfique et à la suppression des tarifs américains», a-t-elle indiqué sur son site le 8 mai.

Dans ce document de 218 pages, publié le 8 mai, que Capital a consulté, on retrouve sans surprise les habituels avions, automobiles, produits chimiques ou pharmaceutiques, mais aussi une brochette d’objets incongrus, presque surréalistes. Par exemple, des cheveux humains, de la viande de baleine fraîche, des nids d’oiseaux, des œufs de tortue, du sperme de bovins, des aliments pour chiens et chats, des parapluies, ou encore des parasols, des pianos à queue, des hameçons, des brosses à dents… Et la liste est encore longue ! Heureusement ces produits restent anecdotiques face aux poids que représentent l’automobile et l’aviation (environ 23 milliards d’euros), ou encore les plastiques et les produits chimiques (13 milliards d’euros), indique l’AFP.

Une entente doit être trouvée d'ici mi-juillet

«L'UE reste pleinement déterminée à trouver des solutions négociées avec les États-Unis. Nous pensons que de bons accords peuvent être conclus au bénéfice des consommateurs et des entreprises des deux côtés de l'Atlantique. Parallèlement, nous continuons de nous préparer à toutes les éventualités, et la consultation lancée aujourd'hui nous guidera dans ce travail nécessaire», a déclaré la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen dans ce même communiqué. Traduction : soit on s’entend d’ici mi-juillet, soit vous passez à la caisse !

Aujourd’hui, 379 milliards d'euros d'exportations de l'Union européenne vers les États-Unis (soit 70% des exportations de l'UE vers les États-Unis) sont soumis à de nouveaux droits de douane à hauteur de 10%, depuis l'arrivée au pouvoir de l’administration Trump. Mais en menaçant à son tour, avec «seulement» 95 milliards d’euros d’importations ciblées, l’Europe n’est-elle pas en train de jouer un poker un peu trop timide face à un adversaire habitué aux coups de force ?